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Rencontre avec Eric Judor et Julien Guetta

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Roulez Jeunesse sort demain au cinéma, et pour l’occasion, j’ai pu rencontrer le 25 juin dernier Eric Judor et Julien Guetta lors d’une table rond en compagnie de d’autres bloggeurs, comme le site onsefaituncine.com. Cette rencontre s’est passée sur la terrasse du Bristol, et je remercie Mensh Agency et Le Pacte pour nous avoir offert ce moment.

Le fait d’avoir un réalisateur comme acteur sur le plateau du tournage, est-ce que cela change quelque chose ?

Julien Guetta : Moi j’avais des appréhensions au tout début. Je me suis dit, est-ce que on allait bien s’entendre, est-ce que, mais en fait pas du tout. Moi, Eric il m’a fait confiance dès le début. En fait, moi j’aime bien discuter avec. On a discuté ensemble, et à partir du moment où on travaillait ensemble ca s’est fait dans la complicité, dans l’échange.

Eric Judor : Cela aurait été une erreur de ma part d’accepter d’aller dans un univers différent et de m’approprier le projet. L’idée c’était vraiment de me laisser aller à un autre. J’étais pas d’accord tous les jours avec lui.Tous les jours je n’étais pas forcément en accord avec ce qu’il faisait. Dans ma tête j’aurais fait comme si comme ça et puis au fur à mesure je me suis dit mais attends c’est pas mon film, c’est sa personnalité, c’est son œuvre, c’est sa vision artistique laissons-nous aller dans ça et puis on verra bien ce que ça fait. Puis finalement je suis rentré dans cette chaussure hyper tranquillement et le chause pieds n’était pas compliqué à mettre.

Vous faites des films vous-même dans un univers très spécifique. Moi, je pensais qu’après problemos on ne vous verrait plus dans les films des autres. C’est le syndrome un peu tchao pantin ?

EJ : Déjà problemos n’est pas spécialement un film de moi uniquement, parce qu’il a été écrit par Blanche Gardin et Noé Debré. Je l’ai retouché un peu, mais oui je le réalise .Quand il y a des choses imparables, c’est idiot de se fixer une limite de se dire : voilà ma carrière elle est comme ça j’ai décidé de faire uniquement mes films. Et quand je tombe sur un scénario comme celui « Problemos » je suis obligé d’y aller, quand je tombe sur un scénario de « Roulez Jeunesse », je suis obligé d’y aller il n’y a pas de règles. Ce que je me disais aussi avec Quentin Dupieux un moment donné, on va sur des choses qui nous paraissent essentielles pour nous. Moi, je trouve qu’il me réinvente Julien Guetta.

Et là pourquoi c’était essentiel d’y aller du coup ?

EJ : parce que ça fait un moment que je tourne autour du réalisme voire de l’hyperréalisme. Avec « Platane », je vais vers des choses qui est moins dans le gogole, on n’est plus dans un personnage qui pourraient exister, et qu’on trempe dans des situations que je trouve drôle. Et là, c’est la vie quoi, il a écrit un scénario où on se marre, puis soudain on pleure, et puis la vie est comme ça. J’avais envie d’aller vers de plus en plus de réalisme, et Julien Guetta m’a offert ce cadeau

Le film d’ailleurs a été écrit avec Eric en tête ?

JG : En fait j’écrivais pas pour quelqu’un j’ai rarement quelqu’un en tête quand j’écris. J’écris, c’est le personnage et puis après en cherchant quand j’ai trouvé Eric, j’étais hyper content.

EJ : Il m’a trouvé dans la rue. Petite anecdote, en vrai, il m’a croisé, il s’est dit : ah putain pourquoi pas lui tiens, pas mal.

JG : Et là …

EJ : ça aurait pu être le mec derrière moi.

JG : Mais j’écrivais pas pour quelqu’un en particulier, vraiment pas.

Il a été compliqué de produire ce film avec toutes ces ruptures de temps ?

JG : ouais en fait c’est ça. Déjà il a été dur à écrire. L’histoire à l’air simple comme ça quand on voit le film mais ce n’est pas si facile que ça, il y a de la comédie, du drame et dès que…Il est difficile d’emmener le spectateur vers quelque chose de drôle qui existe au fur à mesure voire quelque chose de triste, il y a une sorte d’équilibre a trouvé comme ça, c’est ce qui était difficile. Et puis même pour les financiers ça leurs fait un peu peur . Dès que ça commence comédie ils sont tout de suite là à dire putain mais fais en une grosse comédie tout ça. Et même moi, un moment donné j’avoue j’ai douté. Pour le coup, dans la complicité avec Eric. Eric il me fait mais non, là le truc fort du film c’est aussi vers quoi ça se dirige vers quelque chose de…Assumons jusqu’où va l’histoire.

EJ : On a déjà vu en fait des films avec des quadras qui se retrouvent entiché de gamins c’est pas une idée neuve. On peut en faire 50 des comédies comme ça qu’ils seront sympa avec son drôle et tout ça. Le truc qui m’avait séduit à la lecture du scénario c’est ce vers quoi ça tend en faite, justement la vraie vie. Soudain on apprends des trucs, soudain il y a un accident soudain voilà. La vie elle est comme ça, elle est accidentée et enfin j’avais dans les mains un truc qui était la vie. Il ne fallait surtout pas faire une énième comédie du quadra qui se retrouve avec des gamins.

JG : C’est aussi ça qui nous tient, c’était aussi l’ambition du film, c’était d’aller vers quelque chose, de tenter d’aller au bout de quelque chose qui mélange des genres tout ça. Même pour les acteurs, pour tout le monde c’est un truc qu’on a du mal, qu’on ne voit pas souvent, et du coup c’est vers quelque chose qu’on a envie d’aller quoi mais c’est compliqué.

EJ : Vers le truc qu’on ne va pas souvent. Je pense en partie à cause des gens qui produisent, et des gens qui payent les comédies en faites, c’est à dire les télés. Il faut du « Happy End », il faut que tout le monde sourit à la fin. Si on se marre au début il faut se marrer à la fin, ça n’existe pas. En France en tout cas, ça se marre au début et ça se marre vachement moins à la fin, c’est pas possible. Ou alors ça s’appelle une comédie ratée, je sais de quoi je parle.[Rires] J’aime pas ces rires, je sais de quoi je parle. Les britanniques par exemple, pour ne citer qu’eux parce que je pense que ce sont les seuls maitres de cet art là .Sans doute parce qu’ils ont un public aussi pour ça. Ils savent parfaitement faire rire et pleurer, mais depuis très longtemps.Et les Américains, eux le savent beaucoup moins a part dans le cinéma indépendant mais le mainstream s’interdit absolument de mélanger les genres parce qu’il faut le rentrer dans les cases, il faut pouvoir le vendre avec des pop-corn et tout ça, donc c’est pas possible. On ne pleure pas sur des pop-corn ça désale le pop-corn.

Eric je vous ai trouvé super intense face à Brigitte Roüan. C’est bien d’avoir une actrice comme elle pour vous renvoyer la balle?

EJ : C’est super, mais c’est pas plus super que d’avoir Ramzy en face. Le truc c’est que… il y a une petite rumeur très agréable sur ce film depuis qu’on le projette, on vient me voir en me disant « Purée mais en faite tu sais jouer », parce que je crée une autre émotion chez les gens. Mais je pense que la comédie pure et au moins aussi dure voire plus en faite dans le jeu. Ce qui fait, que oui c’est super de jouer face à cette dame césarisé et ça crée quelque chose, il y a un truc effectivement très réaliste, très intense et tout ça. Mais ça ne me prouve à moi rien de plus en tout cas de que ce que j’avais avant et de ce que je savais avant.

Face au jeune Illan Debrabant et les autres enfants, comment ça s’est passé votre relation avec eux ? Ils vous connaissaient déjà en tant qu’humoriste ou ils vous ont accueilli comme simple acteur ?

EJ : oui, Illan me connaissait, Louise aussi, ils me connaissaient mais en fait on a tout de suite briser la glace, il y a pas de rapport , ah t’es le mec de Aladdin ou de EDF, c’est ce que lui il a vu de moi. Ça a tout de suite était un pote en faite, mon enfant. Lui il m’a pas vu comme un père mais comme un autre enfant.

JG Ouai c’était très complice, c’est vrai.

EJ Ce qui fait, c’est qu’il me sautait dessus, bagarre tout ça, toute la journée. Donc non, il n’y a pas eu de rapport à la télé tout ça, ça c’est tout de suite effacé.

Est ce qu’on peut parler de ce film là comme étant votre Truman Show

EJ : Oula j’ai flippé sur Tchao Pantin déjà [rires]

Je connais votre carrière depuis le début, j’ai grandi avec vous, avec Eric & Ramzy. Et du coup quand j’ai découvert le film je ne m’attendais pas à voir ça. Quand je suis ressorti de la salle, j’ai eu le même effet que quand j’ai vu « The Truman Show » avec Jim Carrey. J’ai vu la bascule entre les deux, le comique et le triste. Du coup ça m’a fait pensé à…pas au même niveau mais un début de ça.

EJ : D’accord. Ce sont des références que je prends avec grand plaisir. Jim Carrey est pour moi, un dieu de la comédie archi incompris. On a dans nos carrières, moi j’étais persuadé en démarrant ma carrière que jamais de ma vie j’irais vers ça. Finalement, j’y suis allé, et en plus la fleur au fusil. J’y suis allé vraiment content d’y aller, content d’aller dans ce registre là parce que je tatonne et j’essaye de toujours dans la comédie en tout cas. J’essaye de faire le tour de ce genre-là et en allant peu dans tous les espaces comiques. Genre l’Hyperespace avec Quentin Dupieux et puis un espace plus simple et plus abordable comme H ou la tour Montparnasse. Et puis Je considère malgré tout que c’est de la comédie qu’on a fait, quand même on y rit, mais voilà un espace un peu troublant. Je prends la référence merci.

Est-ce que vous avez eu tendance sur le tournage de rajouter quelques petites choses ?

JG Oui, non en fait Eric, je considère qu’il a une matière en tant que metteur en scène qui est inépuisable donc du coup tu as aussi envie de le laisser. Il propose des choses donc ça c’est génial.Effectivement après aussi, il y avait un scénario, il y avait un personnage dans lequel il devait rester et il fallait pas sortir de ce personnage. Moi le premier, je suis un super spectateur de ce qu’il peut produire et ça me faisait rire beaucoup mais on diminue au fur à mesure dans les prises pour rester à l’essentiel de la scène.

EJ Pour finalement faire la prise prévue…

JG Au début, il propose plein de choses tout ça. Ah ouais ça c’est cool machin, et puis au fur à mesure, on dégraisse un peu tout ça pour en arriver à quelque chose de plus simple.

EJ c’est à dire dans les rush, on a un film comique hyper marrant.

JG Ce qui était difficile au montage car moi encore une fois, je suis spectateur du truc. La scène en soi avec Eric, je m’étais plein de choses qui pouvait faire rire. Quand on mettait tous bout-à-bout ben on perdait le personnage vachement. Le montage a été dur là dessus parce qu’il fallait retrancher, retrancher , retrancher pour arriver à quelque chose de encore une fois très simple.

On aura un director cut sur le DVD ?

EJ : Vous l’avez le director cut c’est plutôt l’actors cut que vous aurez.

JG : C’est vrai , il y a plein de choses qui ne sont pas dans le film qui sont à mourir de rire.

Zorro c’est bon c’est signé ?

EJ: Zorro c’est signé, il faut que je l’écrive maintenant. C’est ça le problème.

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