[INTERVIEW] Mayday : Jean Francois Richet, le réalisateur

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A l’occasion de la sortie de Mayday, mercredi 25 janvier 2023 dans les salles françaises. J’ai pu effectuer une interview du réalisateur, Jean-François Richet en compagnie du journal Paris-Normandie et le site de Les Chroniques de Cliffhanger. Découvrez toutes les questions posées durant cet échange.

Pourquoi le titre « The Plane » et pourquoi le titre français c’est Mayday ? Est-ce que c’est vous qui choisissez ?
JF Richet : Ça se fait assez souvent, ça arrive. Il y a des films souvent qui sont traduits différemment. Moi je ne rentre pas là-dedans. En revanche, je peux mettre mon veto si je n’aime pas l’un des deux. Donc j’aime bien les deux à vrai dire. Plane, ça m’a fait bizarre et en fin de compte, maintenant je vois sur les réseaux sociaux, tout le monde trouve ça génial. Maintenant ça s’est retourné, ils trouvaient ça ridicule et maintenant ils trouvent ça carrément génial parce qu’en fin de compte, il n’y a pas de gras comme dans le film. Et puis Mayday, je trouve que c’est aussi une évidence, c’est pas mal, mais j’aimais bien aussi le côté Mayday parce que l’origine de Médée est française. L’origine, c’est Médée, Médée. Ils n’avaient pas compris les Anglais quand ils ont capté ce message de SOS. Et ils disaient Médée, Médée. J’aime assez les deux. Je dis parfois on aime le chocolat et puis la vanille et ben voilà, c’est mon cas.

Le film se passe aux Philippines. Pourquoi avoir choisi les Philippines pour parler de terrorisme ?
JF Richet : C’est vrai, Oui, parce que à l’île de YOLO, il y a ça. J’ai été voir sur internet évidemment, je n’ai pas été voir de visu, mais il y a une bande comme ça qui terrorise. C’est l’île de YOLO et on peut les voir sur internet, ils ressemblent aux personnages, ils sont habillés de la même façon. Ça part d’un fait réel. Après voilà tout est fictionnalisé. Ils ont une dimension qu’on n’a pas voulu mettre. Ils ont une dimension religieuse aussi évidemment, ce sont des terroristes, donc on n’a pas mis. Mais de la façon qu’ils tuent certaines personnes, vous savez, c’est facilement identifiable, mais ce n’est pas le sujet. de faire de la politique.
C’est pour ça que vous n’avez pas tourné ce tour sur cette île là ?
JF Richet : On a tourné en Porto Rico pour plusieurs raisons. C’est que l’île ressemble beaucoup à une forêt tropicale et là bas, même si ce n’est pas un État américain, c’est un territoire américain. C’est facile d’importer. Par exemple, on a une guimble, une grosse machine sous verrins. On met l’avion dessus et qui permet de de faire les turbulences. Ça suffit dans une île aux Philippines, je ne sais pas comment je vais la voir. Donc ça on l’a fait amener déjà je crois du Canada. Mais bon,il y a des facilités, des infrastructures, ils ont des caméramans. Ou alors, si on veut, on a amené des Etats-Unis, c’est plus facile. Mais bon, voilà, ça se passe beaucoup dans la forêt. C’est la même. C’est comme si quand on espère une forêt en Allemagne, une forêt en France. En même temps, c’est différent parce que ça, il y a plus d’écart. Mais bon, c’est dans ça, c’est pareil.

L’idée vient du romancier de Charles Cumming. Il est auteur de thriller, d’espionnage et l’intrigue initiale était centrée sur un détournement vers une zone contrôlée par les terroristes. Comment êtes-vous venu à l’idée du crash ? Et pourquoi l’avoir mis autant en avant dans votre long métrage ?
JF Richet : Moi j’aime bien déjà le scénar, c’est pas moi qui l’ai écrit. Quand on me l’a proposé, j’ai changé tout de même pas mal de choses, mais la structure était là. Moi ce que j’ai fait, c’est que j’ai remis un principe de réalité parce que c’était un peu très superhéros quand même, des choses vraiment improbables. Donc la production a accepté et je voulais que la scène de début, du crash, soit comme si je filmais une scène de fin qui donne de l’adrénaline tout de suite, puis après par contre, il faut tenir le rythme. Mais ça pourrait être la scène du début du crash ; elle pourrait figurer dans un film générique d’action comme fin. Et je voulais qu’on passe du temps avec les personnages, je voulais qu’on soit dans l’action. J’ai vu pas mal d’extrait de crash ou d’avion en turbulence sur d’autres films. Je me suis aperçu d’un truc, c’est que ça ne dure pas longtemps dans les autres films. Ça dure, il y en a des très très bons, c’est pas ça que je dis, mais ça dure une, deux minutes. Même dans « Seul au monde », on a à un moment une espèce de crash en avion, ça ne dure pas longtemps. De mémoire, ça dure une minute et demie ou deux minutes. Et donc je voulais vraiment étirer ce truc pour qu’on soit vraiment à l’intérieur, le plus près possible d’une réalité on va dire, même si c’est infime.

Il y a pas mal de séquences avec effets spéciaux dans Mayday, notamment les scènes aériennes de l’avion. Comment est-ce que vous avez balancé le côté tournage réel et l’utilisation de VFX?
JF Richet : Tout ce qui est à l’intérieur de l’avion, c’est réel. D’ailleurs, la caméra ne sort pas de l’avion. Alors après on peut filmer à l’extérieur, mais avec les focales, on croit qu’on est toujours à l’intérieur mais la caméra ne sort pas de l’avion. Tout ce qui est effets spéciaux, c’est les plans larges avec les mouvements quand on voit l’avion dans son environnement. Mais elle n’a pas tant que ça en fin de compte des plans. Mais non, à chaque fois que j’ai pu faire du réel, j’ai fait du réel. C’est pour ça d’ailleurs que j’ai demandé le Guimble. Ça coûte assez cher de faire, ça coûte plus en millions à amener un truc comme ça, mais il fallait, parce que c’était la seule façon d’être, d’être avec eux. Donc dès que je peux éviter les effets spéciaux, je les évite. C’est pas mon truc.

Vous voulez parler de la violence? Comment vous mesurez la violence? Jusqu’où vous êtes allés?
JF Richet : Déjà je ne veux pas faire du gore, mais en même temps, il y a le principe de réalité. Quand vous prenez une balle de fifty cal de 50 mm dans le corps, c’est pas un fusil à plomb quoi. Donc ça c’est des discussions que je peux avoir avec le producteur, avec le studio, savoir si je mets le curseur trop loin. Ils n’ont jamais essayé de me contenir, ils ont toujours été à l’écoute. Et puis par exemple, les impacts de balles, on fait des essais et puis on voit ce qui satisfait les deux parties. Mais globalement, je pense que j’ai poussé le curseur mais ils ont eu raison des fois d’essayer de le tenir. Parce que ce n’est pas un film gore, donc faut trouver l’équilibre entre un spectacle réaliste, même si c’est difficile par les spectacles, on parle de de gens qui meurent, mais en même temps ils sont méchants. Et puis ne pas être dans la profusion, parce que ce n’est pas un film gore. Si je réalisais un film gore, ça serait autre chose. Mais ce n’est pas l’effet. Il faut garder aussi le rythme. Il ne faut pas que les gens vomis, il faut que les gens fassent *effet de surprise*, ça suffit, faut pas qu’ils fassent Ahhhhhh . Et ça marche bien aux Etats-Unis, ça marche bien, ils applaudissent. Et je pense que si c’est un peu plus, ce n’est pas plus applaudi. Le dosage, il faut avoir du recul et puis faut il faut avoir confiance aux gens qui vous conseillent aussi. J’avais un studio incroyable, donc ils essayent toujours de comprendre pourquoi les choses. Donc quand on essaye de comprendre déjà le pourquoi et que moi j’essaye aussi de comprendre pourquoi on trouve.

Gérard Butler est producteur du film et incarne un peu un côté anti-héros contrairement à d’habitude il a le côté héros, ce qui est un peu un peu bizarre. Et je voulais savoir en fait, c’est un choix de faire ce personnage, un anti-héros, une vulnérabilité avec une prise de décision ou pas du tout au départ où ça a été changé ?

JF Richet : C’était choisi depuis le départ. Mais surtout moi je pense que c’est un vrai héros. Parce que dire que c’est un homme ordinaire qui fait des choses extraordinaires dans une situation encore extraordinaire, il n’a pas les capacités des mercenaires, il n’a pas la capacité du personnage qui est joué par Mike Colter, c’est à dire qu’il y a des choses, on va dire qu’il a un peu, il est un peu over, mais c’est toujours crédible, on va dire réaliste, mais plutôt le mot, ça serait plutôt crédible. Et moi ce qui m’intéresse c’est les working class héros. J’aime bien les gens de la classe ouvrière, les gens sur lesquels on peut s’identifier, les gens lambda. Moi j’aime bien, je suis peut être passé pour un old school, mais j’aime bien. J’aime bien Stallone dans Rocky, quand il se lève le matin, tu vois, il arrive, il se lève, il prend son verre, il met ses oeufs, il n’a pas thune, il faut qu’il aille bosser. Il sait que de toute façon qu’il va se faire défoncer, il boit le truc tu vois, il va courir, il va taper dans sa viande. J’aime ça moi j’aime les personnages comme ça, j’aime les acteurs qui peuvent. Moi je l’ai vu ça marche bien aux Etats-Unis donc je suis ravi. Mais j’ai vu les gens qui allaient le voir quoi. C’est des gens comme nous, c’est des gens qui ont bossé au McDo, qui vont bosser à l’usine, qui vont vendre des bagnoles, qui vont, ils s’éclatent, ils sont, ils ne se disent pas : oh, c’est un plaisir coupable d’aimer. Ils ne sont pas dans l’intellectualisme, ils sont dans le truc viscéral. J’aime un peu comme ma fille. Ma fille, je l’envoie voir… Elle adore la danse classique. Elle a cinq ans, elle est comme ça quoi. Elle est émerveillée, elle voit, elle voit le lac des cygnes, « C’est pas trop long ? Non, non, non non non ». Elle voit la grâce, Elle ne voit pas le travail, elle voit la fluidité, elle voit les costumes, elle voit l’histoire, elle voit Gisèle, elle voit, elle voit tout ça. Et puis quand elle s’ennuie, elle s’ennuie. J’essaie de l’ouvrir à tous les trucs de la danse contemporaine. On va dire la danse classique, mais un peu moderne et tout. Alors elle s’embête, elle fait je m’ennuie, j’ai pas envie de ça. Elle ne se pose pas la question? j’aime, j’aime pas. Et je trouve que le cinéma on a un peu perdu ça. Alors peut être en France plus que plus qu’aux Etats-Unis, je ne sais pas, mais moi c’est pareil, j’aime, j’aime pas, je peux aimer un film de Desplechin, je peux aimer un film de Buttler, je peux aimer un Rocky, je peux aimer un Podalydès. Puis des fois il y en a que j’aime pas et puis je me casse. J’ai voulu te faire un film comme ça, de tripes. Pour l’instant il marche bien mais bon, on verra comment il est reçu en France.

Butler a été a été le choix initial ?

JF Richet : Il était avant moi sur le projet, c’est eux qui m’ont choisi, c’est Gérard et la production qui m’a choisi. Ils ont vu les Mesrine, ils ont vu l’empereur de Paris, il a fait okay.

Il savait que vous aviez envie de faire ce genre de…

JF Richet : Ah non, je n’avais pas envie. J’ai toujours dit non aux studios hollywoodiens. J’ai fait deux films américains mais avec des petites structures. J’ai lu le scénar et je dis : ça a un écho en moi. Ça m’amuse et je trouve qu’en plus que maintenant les films sont très très très orientés bien-pensants. En France, il y a tous les trucs des quotas et tous ces trucs là, ça me fatigue. J’ai dis je vais faire un film. Juste un truc de plaisir ou je ne me pose pas la question si c’est progressif ou pas. La sexualité des gens ou pas ? La couleur de peau? Je n’en ai rien à foutre. La religion j’en m’en fous, je prends juste l’éclate et je prends les gens et je prends les meilleurs acteurs que je peux et je raconte une histoire viscérale en espérant qu’il passe un bon moment. C’est pour ça que peut être que c’est un film de résistance aussi. Et j’en ai marre qu’on me dise comment penser. J’en ai marre que les réalisateurs ou les acteurs me fassent des leçons de morale, me disent pense pas comme si à toi. Je suis désolé, je me lève à 6 h le matin, je suis chauffeur de taxi, il ne va pas m’expliquer ma vie quoi. Il y en a un peu marre quand qu’on me donne des leçons et on ne fait pas ça. On ne va pas chanter là parce que c’est ça et essayer cette meilleure idée là. Et cette ville, elle est comme ça. Mais laissez-nous tranquilles, quoi! Si nous, en tant que artistes entre guillemets, on n’arrive pas à réunir les gens. C’est quoi ton métier ? Tu vas raconter une histoire pour que pour les gens qui pensent comme toi, tu vas raconter une histoire, qu’il y a des gens qui n’ont la même couleur de peau que toi. Tu vas raconter des gens que pour les gens qui ont la même religion que toi, tu vas raconter, tu vas rendre compte, tu vas raconter des histoires. Pourquoi les gens qui ont la même société que toi, mais moi je m’en fous. Tu fais ce que tu veux de ta vie. Tant que tu ne fais pas mal aux autres, tu penses ce que tu veux, tu vois, t’es la couleur que tu veux. Tu peux. Je m’en fous. Tu n’as pas besoin d’être fier de ça. T’es né comme ça, on s’en fout. Donc moi, en tant qu’artiste, je n’ai pas à me positionner comme ça. Moi je veux que le plus de gens possible le voient et en espérant qu’il y ait un maximum que ça leur plaît le film. Mon acte de résistance, il est là. Ce n’est pas d’être plus intelligent que mon sujet, je pourrais faire l’intelligent. Action, c’est fatigant, arrêtez avec des postures, je vous connais en plus je vous connais, arrêtez de signer des pétitions et puis vous faites le contraire dans la vie, donc ça en a un peu marre de ça. Donc quand on m’a proposé ça, j’ai dit ah, je vois un espace de liberté dans un cadre hollywoodien, tu ne peux pas casser les murs, mais en revanche tu peux les pousser et tu les pousses à ta guise tant qu’ils sont contents. C’est mon montage avec un studio, c’est mon montage, c’est ma director cut qu’ils ont testé en salle et ça a bien marché et c’est mon montage à Hollywood. Juridiquement, je ne l’ai pas le montage, mais dans les faits je l’ai eu, donc je m’en fous du papier. Donc tu vois, c’est j’ai eu cette liberté dans un genre, évidemment, si je faisais le film, bon Gérard, maintenant tu vas réfléchir sur ton cockpit, sur toutes les incidences. Non, tu vois, ça ne marche pas à ça, tu vois. Mais quand une fois que tu acceptes le genre, t’es libre. Tu vois, c’est du cinéma, si on est là pour se prendre la tête. Non mais va dire les gens là, on se prend tous la tête, pas ça, on a des factures de la banque, la banque vient de m’appeler et même les réalisateurs, mais on a tous des trucs comme ça. Mais à un moment, on travaille ensemble, on propose des films. Il y en a qui aiment avec des réserves, ce n’est pas grave, il y en a qui qui n’aiment pas ou ils ont peut peut-être un peu de réserve. Ce n’est pas grave, c’est un film et on s’éclate. Moi j’espère que les gens s’éclateront. Nan mais c’est de passer un bon moment. Quand tu vas voir une pièce de théâtre ou n’importe quoi, t’aime une chanson et puis tu ne peux pas plaire à tout le monde. J’en ai un peu marre de ce truc qu’on me donne des leçons. En général c’est des bourgeois qui te donnent des leçons, qui t’explique comment vivre. Je dis laisse-moi tranquille, tu te prends la tête parce que tu as le temps de penser à ça. Mais il y en a des gens, ils vont bosser. Tu vois les gens ils se galèrent avec l’essence, arrête de faire mec, t’es tout proche du peuple parce que tu votes pour tu crois du bon côté ? Arrête, arrête, arrête! Enfin bon, c’est un débat, qui n’est pas si loin quand même du film, c’est un film viscéral où il n’est pas là pour être bien-pensant et il est là pour faire.Voilà, il y a un processus, il y a un principe d’identification à un personnage et on lui met évidemment des conflits, il faut qu’il les résolve. Disney, c’est pareil, il y a un petit personnage, on lui met des conflits, puis il doit les résolvez. Et puis à la fin, il se retrouve transformé. C’est ça la dramaturgie, mais ça depuis Shakespeare. Et puis maintenant on fait comme s’il fallait revenir sur tous les archétypes. Les gars, depuis les Grecs, ça n’a pas changé. Donc vous, avec vos trucs, vos nouvelles idées, vous croyez quoi? Et puis à la fin, vous faites 40 000 entrées. Au demeurant, je ne suis pas contre faire 40 000 entrées, mais il faut que mon film coûte 40 000 €. Et le problème c’est qu’ils font 40 000 entrées avec des quatre ou 5 millions. Et puis ils sont tous contents. Et ton film était super. Ouais mais c’est ton frère qui t’a dit ça. En vrai, pourquoi j’ai ce discours-là? C’est que j’aime tellement le cinéma français que je ne peux plus supporter la dérive, ce qui se passe. J’ai tellement et je préfère tourner en France en plus. J’aime tellement le cinéma français, j’ai tout, mais que ce soit large, de Desplechin à Podalydès, Ah je ne sais pas, Xavier Beauvois, à Eric Bénard. J’aime vraiment tous les films et d’ailleurs je cite des gens qui ne font pas la morale. Évidemment, le clou du spectacle, c’est les César. Ok, heureusement que je l’ai eu avant tout ça.


Une des séquences au milieu du film est un plan séquence. Le personnage de Gerard Butler essaie de passer un coup de fil et puis il se fait attaquer. Comment est-ce que ce choix s’est fait et comment est-ce que la scène a été tournée sur le plateau et comment?

JF Richet : Déjà, il y a beaucoup d’entraînement. Ça veut dire qu’il y a des chorégraphies qui se font, on propose des trucs, je dis non, ça là, c’est trop technique. Moi je veux le principe d’identification à un personnage. Et comme ce mec il est lambda, je n’ai pas besoin de sur découper et de faire des trucs de fou. Et je voulais vraiment qu’on souffre avec le personnage. C’est clair, c’est un mec comme nous. Après il a de la force et tout ça. Il est en forme physique, mais c’est un mec comme nous qui va entre guillemets tuer pour survivre. Donc je voulais être le plus proche de lui avec la caméra et pas faire de découpage. Pourquoi est-ce que quand tu fais des découpages, tous les inserts, c’est pas les acteurs qui les font. Tous les plans où il est de dos, c’est pas les acteurs qui les font, c’est les cascadeurs. Et moi je voulais vraiment faire ça avec Gerry mais ce n’est pas évident à faire. Faut que ça soit très technique. Alors ce qui m’a fait penser de faire un pla séquence, c’est d’être le plus près possible. Déjà moi en tant que metteur en scène, je me dis, qu’est-ce que je peux apporter tout en étant juste que d’autres metteurs en scène ne pourraient pas penser. Alors des fois on ne trouve pas, et puis des fois on pense. Pis quand tu regardes les films américains, ils sont tous archi découpés, tous, même des très très bons films comme le James Bond où les chorégraphies sont incroyables. Ils sont tous découpés, il y a un plan toutes les secondes. Et je me dis, eux, ils ont plus d’argent que moi, ils ont plus d’entraînement que moi pour arriver à ça. Je ne peux pas y arriver concrètement parce que c’est aussi une question d’argent où les mecs ils s’entraînent, ils s’entraînent, ils ont plein d’équipes. Nous, on a une équipe et donc je me dis qu’est-ce que je peux apporter en tant qu’Européen? C’est quelque chose par rapport aux personnages. Moins tu coupes plus tu es avec le personnage d’ailleurs. Même quand c’est pas des films d’action, quand tu vois Scorsese, quand il fait femme sous influence et qui filme Gina Rolande qui est complètement ivre à table, c’est un plan séquence, ce n’est pas un combat, mais on est avec elle. Et plus le plan est dur, plus on est avec elle. C’est un film incroyable. Je me dis, moi je suis nourri du cinéma comme ça, et puis européen et tout ça. Donc je me dis qu’est-ce que je pourrais amener comme back? Moi je ne suis pas un Américain, je ne fais pas de clips, je ne fais pas de publicité. Eux, ils sont aguerris à ça, ils vont dans tous les sens. Et d’ailleurs, en général, ce n’est même pas les réalisateurs qui font les plans, c’est les réalisateurs de seconde équipe. Moi, je fais tous les plans, donc qu’est-ce que je peux apporter moi, avec ma sensibilité européenne? Toi qui aimes Cassavetes, qui aime Godard, qui aime Truffaut. Qu’est-ce que je peux apporter ? Voilà, donc je me dis, je l’amène à ça avec un plan séquence et j’ai de la chance d’avoir un acteur qui me suit, qui me fait confiance parce que faut jamais faire un film En tant que metteur en scène, si vous n’avez pas l’impression de faire le même film que l’acteur parce que là vous êtes mort et Gérard voulait ça. Gérard Butler voulez ça, Il voulait. On va dans cette voie à quelque chose où moi je suis moins héroïque, donc ça fait le truc moins héroïque ou je souffre plus, ou je réagis. Alors après, ce n’est pas un film psychologique, mais où je réagis quand je tue quelqu’un pour la première fois ou je prends mon temps dans l’avion. Ou pour vivre ça avant d’appeler ma fille parce que je ne suis pas en état. Il y a ce truc, que sans l’acteur je n’aurais pas pu le faire celui-là s’il n’avait pas voulu. Mais il voulait le faire déjà avant.

Mike Colter connu pour son rôle de Luke Cage. Il est beaucoup en retrait par rapport à Gérard Butler. Est-ce que c’était voulu ou pas du tout ?

JF Richet : C’est dans le scénario. Et puis surtout, c’est un personnage qui va se révéler à fur et à mesure. On le prend pour le bad guy. D’ailleurs, on a fait le film en pensant, en faisant croire que les problèmes allaient venir de lui. Enfin de compte pas du tout. Il se révèle lui dans l’action et puis surtout moi je trouve qu’il se révèle, il n’a pas besoin de répondre aux questions, moi j’aime assez ça. Il pose une question et puis il passe à autre chose. Tu vois par exemple quand t’as l’autre, il le remercie dans la voiture, quand ils arrivent comme ça avant d’arriver dans le village. Ils arrivent comme ça. L’autre il le remercie. N’importe quel film ricain il fait maintenant, c’est normal, il faut qu’il aille sauver. Lui, il fait, il descend. Il se trouve que moi justement, c’est que moins il en fait, plus ça lui donne de la contenance. C’est un personnage très intéressant. Donc oui, après c’est le second rôle, ce n’est pas le rôle de Gérard, là c’est le second rôle. Après, c’est un rôle assez présent pour que les gens, ils sentent un manque et qu’ils veulent une suite avec lui.

Est ce qu’il y a des scènes que vous avez tournées qui n’ont pas été, que vous n’avez pas incorporé parce que c’était trop long ou pas du tout?

JF Richet : Oui une qui était la scène dans la tour. Ça n’a pas duré longtemps. C’était une demi-journée de tournage, mais c’était une scène dans la Tour à Manille, donc à l’extérieur de l’avion, et c’était pour montrer qui perdait l’avion. Et enfin, compte ils se répondaient, ils ne s’entendaient pas. Et puis quand j’ai monté le truc, j’ai tout de suite, j’ai dit quand j’étais avec mon monteur, j’ai dit on va monter sans ces scènes, j’suis sûr, c’est mieux d’rester qu’à l’intérieur avec eux. Et donc on en parlait. Puis le producteur il fait mais quand même essaye parce que ça va donner une respiration, ça va donner la big view fait non mais je ne veux pas la Big View, je ne veux pas que ça soit comme un film ricain normal. Déjà on passait avec, après, mais déjà avec New York, même si c’est plus tard, je ne veux pas que pendant que je montre ma tension à l’intérieur du cockpit, d’aller à un truc où je fais semblant de bouger la caméra comme un fou pour montrer que c’est speed. Ça m’avait soulé, donc je n’ai même pas monté les scènes. Je crois même que ç’est une des rares fois dans ma vie où il y a une scène que je tourne et que je ne monte pas, une des rares. Ça a dut m’arrivé déjà, mais c’est une des rares.

Le film se balade aussi beaucoup auprès de beaucoup de personnages secondaires, tous les tous les personnages de tous les passagers de l’avion, etc. Est ce qu’il y a eu à certains moments des questionnements ? Vous vous êtes posé au montage sur, est ce que ce personnage-là, on ne le voit pas trop?

JF Richet : Non. Je savais déjà comment j’allais monter le film quand je l’ai tourné. Après, t’as toujours des surprises. Je ne dis pas qu’il n’y a pas un plan qui est là à la place d’un autre, mais globalement non, je savais. Il était dans ma tête le film, moi déjà. Après ce que j’ai fait, c’est je l’ai plus resserré que ce que je pensais au montage. Mais globalement c’était ça. Non, non.

Est ce qu’il ya eu plus contraintes que vous avez eu par rapport aux deux autres films américains que vous avez fait ?

JF Richet : C’était toujours des contraintes. Déjà les contraintes financières, même si ce sont des gros budgets, il y a toujours des contraintes financières. Il faut prendre sur certains postes pour mettre. Ouais. Idéalement, j’aurais voulu avoir plus mais ce n’était pas possible à cause du COVID et tout. J’aurais aimé avoir des répétitions beaucoup plus poussées. Pas le jeu mais pour tout ce qui est déplacement des voitures, des fusillades etc. Donc tout était carré mais on était sur un filaire pour que ça rentre dans les jours. On était vraiment sur un fil et il ne fallait pas l’incident, il fallait pas l’accident quoi. J’étais dans les temps. Mais oui, j’aurais voulu un peu plus me rassurer on va dire pour toute la scène finale de fin. Si j’avais eu quelques jours de répétition en plus, ça aurait été bien. Mais voilà, les protocoles Covid, tout ça, c’était très très très très très lourd.

Le tournage a duré combien de temps au final?

JF Richet : Huit semaines, je crois. Huit semaines et demies. Huit semaines comme un film français. Et je n’ai pas de seconde équipe.

Je remercie Metropolitan Export Films et Mensch Agency pour cette rencontre.

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